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ZOOS HUMAINS

Un film de Pascal BLANCHARD & Éric DEROO LE DIMANCHE 29 DÉCEMBRE à 23h30

SOIRÉE THÉMA SUR ARTE

VOUS AVEZ DIT SAUVAGE ?

 

Les zoos humains, symboles inavouables de l'époque coloniale et du passage du XIXe au XXe siècle, ont été totalement refoulés de notre histoire et de la mémoire collective. Ils ont pourtant existé, et c'est par dizaines de millions (400 millions selon les estimations les plus basses) que les Européens et les Américains sont venus découvrir, pour la première fois, le "sauvage"... dans des zoos, des foires, des expositions officielles, des exhibitions ethnographiques et coloniales ou sur la scène des cabarets.

Revenir sur cette page essentielle, tel est l'enjeu de ce film ZOOS HUMAINS.À partir de documents d'archives, films et photographiques inédits, datés des toutes premières années du cinéma à partir de 1896, c¹est une sorte de voyage sur les traces encore présentes de ces zoos humains : du zoo Hagenbeck de Hambourg au musée de Tervuren à Bruxelles, du stade de Wembley à Londres au Jardin d'Acclimatation de Paris, du Jardin tropical de Nogent à l'esplanade du Quai Branly (futur musée des arts premiers) où furent exhibés quatre cents spécimens africains en 1896. Autant de traces qui prouvent l'énorme impact de ces exhibitions en Occident, et comment le Sauvage est devenu une réalité pour des millions de visiteurs.

Ce film, issu de trois ans de recherches internationales et pluridisciplinaires, est aussi le fruit d¹un travail scientifique et de documentation important. Commencé avec les équipes de l'ACHAC et du GDR CNRS 2322 en janvier 1999, synthétisé lors du colloque international de Marseille en juin 2001 avec les 50 meilleurs spécialistes internationaux, diffusé lors du cycle de conférences d¹octobre à décembre 2001 à l'Institut du Monde Arabe et regroupé dans le livre Zoos humains. De la vénus Hottentote aux realités shows en 2002*, il vient clôturer un cycle qui se situe clairement entre sciences et diffusion du savoir.

Avec la participation et les interventions de spécialistes internationaux anglais, allemands, américains, belges, français, dont André Langanay, Sylvie Chalaye, Gilles Boetsch, Hilke Thode-Arora, Nicolas Bancel, Robert Rydell, John MacKenzie, Gérard Lévy, Claus Hagenbeck, Boris Wastiau, Jean-Pierre Jacquemin

* Livre zoos humains, aux éditions La Découverte, édité en mars 2002 : exemplaire disponible auprès de Pascale ILTIS au 01 44 08 84 21

Une histoire inavouable ? Le documentaire se présente comme un voyage, comme une enquête autour des derniers vestiges d'une histoire que l'on a préféré oublier. Comme si, en rendant le corps, les restes de la Vénus Hottentote à l'Afrique du Sud en 2002, la France avait tourné définitivement cette page honteuse. Les pressions, interdictions de tournage et autres événements tout au long de la réalisation du film montrent bien la difficulté à regarder en face cette histoire.

Combien reste-t-il de corps de ces spécimens exhibés dans nos musées aujourd'hui ? Qui sait qu'au jardin colonial de Nogent les vestiges, les bâtiments, les chemins sont là pour nous rappeler cette exhibition nationale et officielle de 1907 ? Qui se souvient qu'aux pieds de la Tour Eiffel, 50 millions de badauds sont venus, en 1900, découvrir les milliers de spécimens rares et exotiques ? Qui se rappelle, en visitant le dimanche le zoo Hagenbeck à Hambourg ou le Jardin d'Acclimatation à Paris, dans les mêmes enclos qu'aujourd'hui, qu'il y a 70 ans des sauvages s'offraient aux regards de millions de visiteurs ? Qui aurait pu imaginer qu'en choisissant le Quai Branly pour construire le musée dédié aux milliers d'objets pillés par les puissances coloniales, la France avait choisi un des lieux majeurs des exhibitions raciales du XIXe siècle ?

L'Occident a inventé le sauvage. Beaucoup plus, l'Europe et l'Amérique l'ont exhibé, l'ont montré, dans des zoos, des expositions ou des scènes de music-hall pour convaincre les populations blanches de leur évidente et définitive supériorité sur le monde. Telle est l'histoire des zoos Humains. Loft Story aujourd'hui n'est pas autre chose. Et, le succès est au rendez-vous. Sachant jouer de cette demande voyeuriste, les impresarios d'hier et les producteurs d'aujourd¹hui livrent en pâture des corps. Hier pour fabriquer de la race, aujourd¹hui des modèles.

Mais, ces zoos humains, expositions ethnologiques ou villages nègres restent des sujets complexes à aborder pour des pays qui mettent en exergue l'égalité de tous les êtres humains. Les difficultés de tournage, la recherche des documents enfouis, comme l'accès aux réserves où sont conservés les restes humains, ont été un long chemin pavé d'embûches. Quoi de plus normal lorsque l'on voit ce qu'ont produit les zoos humains ? De fait, ces lieux, où des individus exotiques mêlés à des bêtes sauvages étaient montrés en spectacle derrière des grilles ou des enclos à un public avide de distraction, constituent la preuve évidente du décalage entre discours et pratique au temps de l'édification des empires coloniaux. Le racisme populaire s¹est constitué avec les zoos humains. De façon ludique, à travers l'univers du spectacle et du divertissement des grandes expositions universelles, des foires et des cirques. Presque inconsciemment, l'Occident invente le sauvage. Un siècle plus tard, il faut constater, qu'il est toujours enfermé, derrière d¹autres barreaux, derrière d'autres stéréotypes.

Ces exhibitions de l'exotique (futur "indigène") constituent donc, pendant plus de 60 ans (de 1870 à 1930), le passage progressif en Occident d'un racisme "scientifique" vers un racisme colonial et "populaire" qui touchera des millions de "spectateurs" de Paris à Hambourg, de Londres à New York, de Moscou à Barcelone... Dans certaines expositions, comme à Saint Louis, à Bruxelles, à Barcelone, à Paris ou à Chicago ce sera par centaines que l'on comptera les spécimens morts en scène. Aujourd'hui au service de la science leurs dépouilles sont conservées dans les plus prestigieux musées. A regarder les images de l'enterrement de la Venus Hottentote en Afrique du Sud qui viennent conclurent ce film, on se demande comment nous avons pu oublier cette tragédie ?

Peut-on aujourd'hui considérer ce temps comme révolu ? Sans doute pas, puisqu'un village Massaï reconstitué a ouvert ses portes en Belgique en 2001, qu'un autre village de Pygmées a suivi en 2002 et qu'en Bretagne un village africain fut l'attraction majeure d'un Safari Parc au milieu des années 90. Quelle filiation avec les clichés actuels de l'Afrique, du tourisme ethnique ou des banlieues peuplées de "sauvageons" peut-on voir avec les milliers d'images issues de ces spectacles et largement diffusées pendant un siècle ? Notre regard, avide d'exotisme, est-il très différent devant la TV réalité et les divers Loft Story qui semblent consacrer une nouvelle ère de la représentation en Occident ? Voyeurisme, sensationnalisme, rapport à la "différence" ou à la "normalité", sont invariablement inscrits au c¦ur de notre regard.

Les zoos humains ne révèlent évidemment rien sur les "populations exotiques" ou sur les populations colonisées. En revanche, ils sont un extraordinaire instrument d'analyse des mentalités de l'Occident de la fin du XIXe siècle jusqu'aux années 30. Car ces zoos, expositions et jardins avaient pour vocation de montrer le rare, le curieux, l'anormal, toutes les expressions de l¹étrange et du différent, et non de provoquer une rencontre entre individus ou cultures. Dans cette "animalisation" des peuples "exotiques" par l'Occident, la mise en scène de transgressions des valeurs et des normes de ce qui constitue, pour l'Europe, la civilisation, est un élément moteur. Leur nature d'homme achevé est niée, ils sont donc colonisables, il faut les apprivoiser, les dresser, pour les conduire, à l'état d'homme civilisé. Le plus frappant, dans cette brutale "naturalisation" de l'Autre, est la réaction des élites européennes : fort peu de journalistes, d'hommes politiques ou de savants s'émeuvent des conditions sanitaires et de parcage - souvent catastrophiques - des "indigènes". C'est à ce niveau que l'on mesure la pénétration profonde d'un racisme populaire en Occident et que l'on comprend comment, en à peine 60 ans, la grande majorité des Européens a accepté, validé et soutenu l'entreprise coloniale. Dès lors, leur devenir paraît tout tracé, puisqu'ils n'étaient que des "sauvages" : l'Occident se devait de les amener à la lumière, de les sortir du zoo... où il les avait lui-même fait entrer !

Contact presse les bâtisseurs de mémoire 01 43 18 38 88 agence@lesbdm.com 80 rue laugier 75017 Paris Images fixes (cartes postales, photos, affiches) disponibles (support numérisé) pour illustration d'articles Emmanuelle Collignon - 01 43 18 38 81 Copie VHS disponible(version française) Stéphanie Roussel - 01 44 62 88 74 Une coproduction les bâtisseurs de mémoire Cités Télévision Les Films du Village En association avec Arte France Un film de Pascal BLANCHARD et Eric DEROO Sur une idée originale de Pascal BLANCHARD Réalisation Eric DEROO Montage Thierry SIMONNET Image et Son Pierre BAROUGIER, Sébastien GIRODON, Patrick JAN, Gavin YOUNGE Producteur Délégué Yves BILLON Direction de Production Sabine NACCACHE, Stéphanie ROUSSEL, Delphine PELLEREAU Chargée de Production Les bâtisseurs de mémoire Emmanuelle COLLIGNON ARTE France Unité de Programme / Soirées thématiques Alain WIEDER Chargée de Programme Nathalie VERDIER Conformation et Étalonnage Jean-Baptiste DELPIAS Mixage Jean-Christophe CARON (Créa¹son) Traduction Annette MONTEIL & Maija LENE-RETTIG Voix Bruno LABOURÉ, Richard FILLION de FILIPPI, Bérangère NATAF-SPORTIS Avec le soutien du Fonds d¹Action et de Soutien pour l¹Intégration et la Lutte contre les Discriminations / FASILD Avec l¹aimable participation de la Ville de Paris dans le cadre du projet Le Paris Noir Avec le concours du Centre National de la Cinématographie Avec le soutien de la Procirep Avec la participation du Ministère délégué à la Recherche et aux Nouvelles Technologies Avec le concours scientifique de l'ACHAC et du GDR-CNRS 2322 dans le cadre du programme Zoos Humains