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Le « Roi blanc » passera à la fois sur Canvas et sur la Deux (1-4 et 8-4-2004)

Un film sur Léopold II scandalise le Palais par CHRISTIAN LAPORTE (Le Soir)

source: http://www.lesoir.be/guide/page_5226_203170.shtml (Mardi 30 Mars 2004)

Le Palais royal est outré par un film britannique contre Léopold II programmé sur les télés nationales. La VRT assume le contenu, la RTBF est plus critique.

Les 1 et 8 avril, dans le cadre de « Histories » sur Canvas (VRT) et le 8 avril sur la Deux (RTBF), puis, sans doute à Kinepolis, l'on pourra voir le controversé documentaire « Le Roi blanc, le caoutchouc rouge, la mort noire » qui évoque, à grand renfort de documents d'époque l'exploitation économique du Congo de 1895 à 1908, lorsqu'il était une possession personnelle de Léopold II. Un long métrage de 109 minutes réalisé par Peter Bate qui devrait susciter de vives controverses. Il provoque d'ailleurs déjà des remous en haut lieu. Il nous revient que le Palais royal est scandalisé par les thèses développées dans le documentaire qui seraient tout simplement outrancières. Ainsi, le commentaire affirme froidement que jusqu'à l'apparition de Hitler, Léopold II était un des hommes les plus cruels d'Europe. De là à faire un lien avec les génocides, il y avait un pas allégrement franchi. Où il est question de dix millions de victimes... Un chiffre astronomique dont doutent les meilleurs spécialistes de la question, y compris ceux que l'on interroge dans le film !

A la place des Palais, où l'on a apparemment visionné le film, certaines sources parlent d'un pamphlet scandaleux émaillé d'erreurs historiques qui jettent le discrédit sur notre deuxième Roi mais aussi sur la Belgique dans son ensemble. Au boulevard Reyers, les approches sont plus contrastées. Ainsi, le responsable d'« Histories », Philippe Van Meerbeeck nie résolument un éventuel parti pris et souligne la qualité toute britannique de l'œuvre. Les thèmes qui y sont développés sont avérés par des témoignages incontestables ; c'est une histoire solide comme un roc. Et de préciser que l'on y donne des témoignages de victimes et qu'on peut y entendre quelques-uns des meilleurs spécialistes du Congo comme Elikia M'Bokolo à côté de spécialistes belges (NDLR : flamands) et étrangers dont la réputation ne peut être contestée. Et si, contrairement à la RTBF qui diffusera intégralement le film, la VRT l'a « reformaté » en deux émissions de 45 minutes, il n'y a pas eu l'ombre d'une (auto)censure dans les 21 minutes passées à la trappe.

Au contraire, il ne peut plus être question de taire cette lacune flagrante dans notre enseignement de l'Histoire. Bernard Balteau, responsable de la case Histoire sur la Deux est nettement plus nuancé. Comme le sera la soirée du 8 avril où la projection sera précédée d'une mise en garde et surtout suivie par un débat avec d'autres spécialistes incontestés, curieusement oubliés par Peter Bate. Que l'on ne se méprenne pas, s'exclame Bernard Balteau : il y a eu un certain négationnisme sur cette période en Belgique au lendemain de la Première guerre mais depuis lors, des travaux comme ceux de Stengers avaient bien remis les pendules à l'heure. Il est tout aussi faux d'affirmer que la Belgique s'est voilé la face : la presse a mené plus d'une campagne contre ce qui s'est passé dans l'Etat indépendant de Léopold II. Comme c'est un film fort bien fait sur le plan cinématographique poursuit Balteau, il nous a paru impossible de le lancer sur antenne sans remise en perspective. Il sera donc suivi d'un débat avec Jean-Luc Vellut (UCL), Ginette Kurgan (ULB) et peut-être Barbara Emerson. Et on y donnera la parole à Jacob Sabakinu qui enseigne à Kinshasa.Une approche qui recentrera le débat dans une perspective belge et pas uniquement flamande... Il est dommage que notre service public n'ait pas fait lui-même ce travail essentiel