L'ambassade du Cameroun financera le retour des Pygmées


MARC METDEPENNINGEN
Le Soir en ligne du 22 août 2002

L'ambassade du Cameroun financera le rapatriement des Pygmées Bakas dont la présence à Yvoir, dans le cadre d'une exposition, avait suscité l'indignation d'associations d'Africains de Belgique et celle de la Ligue des droits de l'homme.
Selon un haut diplomate de l'ambassade du Cameroun à Bruxelles, ce rapatriement devrait intervenir ces jours prochains, samedi, lundi ou mardi. Pour ce diplomate, il est normal qu'une ambassade intervienne lorsque ses ressortissants sont en difficulté à l'étranger, ce qui est le cas pour les Bakas depuis qu'interdiction leur est faite d'assumer leurs spectacles de danse, ce qui les prive de revenus financiers.

Il y a quelques jours, les huit Bakas d'Yvoir, rassemblés dans la cour de la ferme du domaine de Champalle, sur les terres duquel ils avaient reconstitué un village traditionnel, nous avaient dit toute l'amertume suscitée part leur aventure belge qui devait rester pour eux, outre le premier voyage à l'étranger des Pygmées de leur communauté de Djoum, une occasion de récolter des fonds pour financer des écoles et des points d'eau.

Nous avons été salis et traînés dans la boue, nous confiaient-ils. L'opération humanitaire, organisée sous forme d'une exposition par l'ASBL Oasis Nature, devait drainer plus de 20.000 visiteurs.

La polémique suscitée par les associations africaines et la Ligue des droits de l'homme, les a fait fuir. Nous n'avons enregistré que 3.500 entrées, explique M. Raets, cheville ouvrière de l'ASBL. Pour les opposants aux représentations des Bakas, leur présence à Yvoir manifestait une résurgence de l'exposition coloniale de 1897, à Tervuren, qui avait alors parqué des populations congolaises dans des cages. Zoo humain, manifestation d'un racisme néo-colonialiste, argumentaient les opposants à l'exposition.

Jean-Marie Dermagne, président de la section Namur-Luxembourg de la Ligue des droits de l'homme, s'est dit réjoui par l'annonce du départ des Bakas, dont le maintien à Yvoir dans des conditions hostiles n'était plus souhaitable. M. Dermagne rappelle que le Collectif pour la défense des Bakas s'est engagé à récolter des fonds pour ces populations pygmées afin qu'elles ne repartent pas chez elles les mains vides.

Le Collectif de défense des Bakas s'insurge contre le rapatriement des Pygmées : Nous appelons toutes les bonnes volontés, toutes les associations, à se mobiliser contre un retour prématuré des Bakas d'Yvoir, sans leur avoir assuré l'ouverture possible de toutes les portes en faveur de leurs projets.


© Rossel et Cie SA, Le Soir en ligne, Bruxelles, 2002