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Réflexion

 

Extrait de l'article du 9 août 2001 du journal Le Soir : "Algarades avant la grand-messe antiraciste", de V. Hirsch

Le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, ira-t-il à Durban, pour participer à la 3e conférence ministérielle de l'ONU contre le racisme ? Rien n'est moins sûr. Les Etats-Unis ont, en effet, laissé entendre qu'ils pourraient boycotter ou n'envoyer qu'une faible délégation à cette grand-messe, qui doit réunir 12.000 délégués, du 31 août au 7 septembre en Afrique du Sud. Les Américains veulent exclure deux sujets [sionisme et esclavagisme-colonialisme] des débats et une ultime séance de négociation a été convoquée à Genève : si aucun compromis n'est trouvé d'ici vendredi, la conférence de Durban, censée adopter le premier programme international de lutte contre le racisme, risque l'échec. (...)

L'autre sujet qui soulève la fureur des Américains a trait aux conséquences du colonialisme et de l'esclavage : les pays africains demandent des compensations pour les dommages qu'ils ont subis. Ils sont relayés par les lobbies afro-américains qui font pression sur le gouvernement américain, qui s'est tant battu pour que les Juifs soient compensés par les banques suisses, afin qu'il dédommage aussi les descendants américains des esclaves amenés d'Afrique. Mais les Occidentaux rejettent le principe de compensation : on ne peut pas remonter quatre cents ans en arrière, font-il remarquer, et les pays arabes ont aussi pratiqué l'esclavagisme. Ils sont toutefois prêts à exprimer leurs regrets, à condition que la formule choisie n'entraîne aucun engagement à compenser les victimes. Selon la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Nkosazana Zuma, "il faut qu'il y ait une reconnaissance du fait que beaucoup de problèmes auxquels nous sommes confrontés sont une conséquence de l'esclavage et du colonialisme".

En guise de compromis, les pays africains proposent dès lors que les Occidentaux offrent au moins des mesures de réparation, comme un allégement de la dette ou une plus grande ouverture de leurs marchés.(...)

L'article au complet: http://lesoir.be/articles/A_0195F5.asp

Réflexion:

L'article « Algarades avant la grand-messe antiraciste » soulève des questions essentielles sur les relations, passées et présentes, entre les pays occidentaux et le continent africain. Malheureusement, l'auteur se sert du grand méchant-loup américain pour en minimiser la portée et pour occulter le vrai débat qui s'impose.

On parle, ni plus ni moins, de 450 années d'histoire qui ont encore d'innombrables conséquences économiques, politiques et sociales dans nos sociétés, aussi bien africaines qu'occidentales.

Une fois de plus, on passe à côté de l'occasion d'un débat de société en Belgique, portant sur des sujets essentiels, et qui n'a toujours pas eu lieu. En effet, que pensent, entre autres, les Belges des conséquences de la Traite des Africains et du colonialisme ? Et quid d'éventuelles « compensations »? Plutôt que de renvoyer ce débat aux décideurs politiques, avec les conséquences que l'on imagine, il serait intéressant de le proposer à la société civile. Et de donner également la parole aux Africains.

Patrick Cloos